Pour la dixième édition du Championnat sud-américain de football (connu sous le nom de Copa América depuis 1975), le Chili organise la compétition pour la deuxième fois de son histoire, après le [comp_annee:3*1920]Championnat sud-américain 1920. Nouvelle nation affiliée à la CONMEBOL le 12 octobre 1926, la Bolivie participe donc pour la première fois au plus grand tournoi sud-américain. L'Uruguay, absente lors de la dernière édition, revient dans la course pour un sixième sacre dans la compétition. Les autres sélections participantes sont l'Argentine (tenant du titre), le Paraguay, et bien sûr le pays hôte chilien. Le Brésil, quant à lui, décline l'invitation pour des problèmes internes dans sa confédération. Tous les matchs de la compétition se déroulent dans la capitale du pays Santiago, dans le stade Campos de Sports de Ñuñoa.
Dans les règles du football en 1926, aucun remplacement de joueurs n'est prévu durant un match, et l'arbitre de la rencontre ne dispose pas encore des cartons jaunes et rouges.
Les cinq sélections participantes se disputent la victoire dans un seul groupe, chaque équipe se rencontrant tour à tour, la première du groupe remporte la compétition. Un match gagné rapporte 2 points, un match nul 1 point, et une défaite 0 point.
En cas d'égalité de points entre les premières équipes du groupe, un second tour est prévu pour connaître le vainqueur de la compétition.
Le 12 octobre 1926, le Championnat sud-américain de football débute.
Dans le stade Campos de Sports de Ñuñoa à Santiago du Chili, 12,000 spectateurs sont présents pour assister à l'entrée en scène de leur favori, le Chili, face au néophyte bolivien. Pour la Bolivie, fraîchement affiliée à la CONMEBOL en ce même jour après l'avoir été à la FIFA le 3 mai de cette même année, il s'agit du premier match international de son histoire. Pour le Chili, membre fondateur de la CONMEBOL, c'est le moment ou jamais de remporter enfin une première victoire dans un Championnat sud-américain, après plusieurs participations dont l'issue fut toujours la dernière place. L'arbitre argentin de la rencontre M. Norberto Luis Gallieri donne le coup d'envoi, et l'attaquant Manuel Ramírez fait lever la foule dès la 10ème minute. 1-0 pour le Chili, et quatre minutes plus tard Guillermo Subiabre alourdit le score pour la Roja. Pas le temps de souffler pour les Boliviens, l'attaquant du club de Colo Colo David Arellano signe son premier but dans la compétition une minute plus tard. 3-0 pour le Chili au quart d'heure de jeu ! Les tribunes apprécient et hurlent encouragements sur encouragements, et Arellano surgit une seconde fois à la 41ème. Mi-temps. Les 22 joueurs reviennent des vestiaires, et l'autre attaquant de Colo Colo Humberto Moreno assouvit sa faim de but dès la 47ème minute. Le score est sévère pour la Bolivie pour son premier match officiel, Teófilo Aguilar sauve l'honneur et marque le premier but de la sélection bolivienne à la 62ème minute. Mais cette rencontre n'est pas finie, et David Arellano marque les esprits en signant un quadruplé (80ème puis 84ème). Score final 7-1 pour le Chili, il aura fallu attendre longtemps pour cette première victoire dans un Championnat sud-américain, mais quelle victoire !
Quatre jours plus tard, le champion en titre argentin entame sa compétition face aux déjà meurtris boliviens. Et le calvaire continue pour la Bolivie, l'attaquant de Boca Juniors Roberto Cherro marque deux buts en 20 minutes (9ème puis 19ème). Gabino Sosa asomme une troisième fois les partenaires de Jorge Luis Valderrama, puis c'est au tour de Benjamín Delgado de faire trembler les filets juste avant la mi-temps (43ème). Dur apprentissage pour la Bolivie. Antonio De Miguel trompe une dernière fois le gardien de but Bermúdez (74ème), et l'arbitre siffle la fin du match. Victoire facile du champion en titre, qui rentre bien dans son tournoi, pour la Bolivie les débuts sont compliqués, avec déjà 11 buts encaissés en simplement deux matchs joués.
Le lendemain, le pays hôte chilien reçoit l'Uruguay, quintuple vainqueur de la compétition. 13,000 supporters encouragent la Roja, mais l'Uruguay n'est pas la Bolivie, l'attaquant des Wanderers René Borjas ouvre le score à la 22ème minute avant que Héctor Castro ne trompe une seconde fois le gardien de but Cortés dix minutes plus tard. En seconde période, l'attaquant du Nacional Héctor Scarone choisit la 55ème minute pour se rappeler au bon souvenir d'une compétition qu'il chérit et marquer le troisième but du match pour les Uruguayens. Guillermo Subiabre transforme un penalty sifflé à la 65ème, mais cela suffit pour le Chili, qui s'incline logiquement sur le score de 3-1. De retour aux affaires dans sa compétition favorite, l'Uruguay entend bien remonter au sommet de la hiérarchie sud-américaine.
Le 20 octobre, le Paraguay débute son tournoi face à l'Argentine. L'arbitre chilien donne le coup d'envoi du match, et dès lors, les Paraguayens voient défiler devant eux tout le talent de l'équipe d'Argentine. Et de son attaque. Et ce match est celui de Gabino Sosa, attaquant du Club Atlético Central Córdoba, qui signe un quadruplé (11ème, 32ème, 59ème et 87ème). Pour parachever le moment de grâce de la sélection argentine, Roberto Cherro signe son second but de la compétition, Benjamín Delgado y va de son doublé, et Antonio De Miguel trompe lui aussi le portier chilien. Score final 8-0, le Chili retombe dans ses travers, et l'Argentine signe une victoire éclatante et envoie un sérieux message aux autres favoris du tournoi.
Trois jours plus tard, la Bolivie pénètre pour la troisième fois sur la pelouse du stade Campos de Sports de Ñuñoa, cette fois opposée au Paraguay. Et comme le Chili et l'Argentine avant lui, le Paraguay voit là l'occasion de soigner sa différence de buts. Dure réalité pour les joueurs boliviens, et pourtant Carlos Soto trompe le gardien de but paraguayen Modesto Denis dès la 15ème minute. Sensation dans le stade, la Bolivie est peut-être en route vers le premier succès de son histoire. L'arbitre uruguayen siffle la mi-temps sur ce score surprenant, et Manuel Fleitas Solich, joueur-entraîneur de la sélection paraguayenne, sort des vestiaires le couteau entre les dents. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que son discours porte ses fruits en seconde période, Ildefonso López égalise à la 57ème, avant que l'attaquant du Nacional Ceferino Ramírez signe un doublé en quatre minutes (68ème puis 72ème). 3-1 désormais pour le Paraguay, puis Pablo Ramírez marque le quatrième but. Ildefonso López alourdit le score à la 81ème, et Ceferino Ramírez transforme son doublé en triplé à la 88ème. Score final 6-1, la Bolivie y a cru pendant une mi-temps, mais la dure réalité a frappé durant les 45 dernières minutes du match.
Le 24 octobre, c'est le match qui va peut-être décider du vainqueur du tournoi, l'Argentine contre l'Uruguay. Les spectateurs ne s'y trompent pas, et ils sont 15,000 lorsque les 22 joueurs pénètrent sur la pelouse du stade Campos de Sports de Ñuñoa. L'arbitre du match est paraguayen, M. Miguel Barba. 22ème minute, René Borjas délivre ses partenaires. 1-0 pour l'Uruguay. Les Argentins rentrent aux vestiaires menés au score, et débutent la seconde période pleins d'entrain, mais le jeune attaquant de 21 ans du Nacional Héctor Castro scelle définitivement la rencontre à la 73ème minute. Score final 2-0 pour l'Uruguay, qui compte 2 victoires en deux matchs, 4 points au classement à égalité avec les Argentins, mais un match en moins.
Et ce match en moins, l'Uruguay le joue quatre jours plus tard face au nouveau venu de la compétition, la Bolivie. Et ce match-là donne l'occasion au "Mago" du Nacional, Héctor Scarone, de déployer tout son talent, et de marquer dans cette rencontre un superbe quintuplé. Le match aurait pu être celui d'un seul homme, mais l'autre gloire du Nacional Ángel Romano ne pouvait pas participer à un Championnat sud-américain sans marquer au moins un but, ce qu'il fit à la 67ème minute. La Bolivie s'incline pour son dernier match dans la compétition sur le score de 6-0, l'Uruguay prend désormais seul la tête du classement.
Le 31 octobre, l'Argentine affronte le Chili et doit absolument gagner pour toujours croire en ses chances de titre. Et que cette 25ème minute est dure à encaisser pour les partenaires de Gabino Sosa, lorsque Guillermo Saavedra ouvre le score pour la Roja. Enorme clameur dans le stade, le Chili est en train de faire tomber le champion en titre. La mi-temps n'est plus très loin et l'attaquant de Boca Juniors Domingo Alberto Tarasconi égalise pour l'Argentine. 1-1 à la fin des 45 premières minutes, tout est à refaire pour le Chili, l'espoir est toujours présent pour l'Argentine. Les deux équipes tentent d'arracher cette précieuse victoire, mais le score ne bouge pas et l'arbitre siffle la fin de la rencontre sur ce match nul 1-1. Désabusés, les Argentins comprennent alors que le titre s'envole vers d'autres cieux, et plus particulièrement sous le soleil de Montevideo.
Le lendemain, l'Uruguay affronte le Paraguay et veut fêter dignement ce nouveau sacre. Alors les attaquants de la Celeste s'exécutent, Héctor Castro voulant imiter son partenaire Scarone, mais se limite durant cette rencontre à un "simple" quadruplé. Zoilo Saldombide ouvre lui son compteur but dans cette compétition en signant un doublé. Manuel Fleitas Solich sauve l'honneur du Paraguay en transformant un penalty, et cette victoire sur le score de 6-1 achève un parcours parfait des hommes d'Ernesto Figoli, avec 4 victoires en quatre matchs, 17 buts marqués pour seulement 2 encaissés.
Deux jours plus tard, le Chili remporte une nouvelle victoire dans ce tournoi face au Paraguay sur le score de 5-1, terminant avec orgueil cette compétition.
Pour la sixième fois de son histoire, l'Uruguay remporte le Championnat sud-américain de football, et par ce succès devient la nation phare de l'Amérique du Sud.
Avec 7 buts marqués au cours de la compétition, l'attaquant chilien et membre fondateur du club de football de Colo Colo David Arellano termine meilleur buteur du Championnat sud-américain de football 1926.